Comprendre la confiance en intelligence artificielle
La question de la confiance en intelligence artificielle est devenue centrale. Cela s’explique par la diffusion massive des systèmes neuronaux et génératifs.
Les entreprises, les institutions publiques et les citoyens attendent désormais une IA performante, mais aussi explicable, robuste, conforme et responsable sur le plan environnemental.
Or, les modèles génératifs actuels montrent plusieurs limites : opacité de fonctionnement, biais difficiles à corriger, hallucinations imprévisibles et consommation énergétique massive.
Dans ce contexte, l’IA neuro-symbolique émerge comme une alternative crédible et durable. Elle combine la puissance des réseaux neuronaux avec la logique structurée des approches symboliques. Cette hybridation apporte une réponse pragmatique aux défis actuels de l’IA et ouvre la voie à ce que l’on peut appeler une IA de confiance.
Qu’est-ce que l’IA neuro-symbolique ?
L’IA neuro-symbolique articule deux approches longtemps vues comme opposées.
D’un côté, l’IA neuronale, fondée sur les réseaux de neurones, excelle dans la détection de régularités à partir de grands ensembles de données. Elle est efficace pour identifier des motifs dans des images, du texte ou des signaux complexes. Mais elle reste limitée par son opacité et son incapacité à expliciter le raisonnement.
De l’autre côté, l’IA symbolique s’appuie sur des règles explicites, des logiques formelles et des ontologies. Elle ancre les décisions dans des systèmes traçables et vérifiables. Son atout est la clarté : chaque conclusion repose sur un raisonnement audible. Sa limite réside dans sa rigidité et dans sa difficulté à gérer des données bruitées ou des cas particuliers.
L’IA neuro-symbolique se situe entre ces deux mondes. Elle utilise la capacité inductive des réseaux neuronaux pour détecter des signaux pertinents. Puis, elle confronte ces résultats à un système symbolique qui les structure et les valide.
Cette approche rappelle la distinction faite par Daniel Kahneman entre deux systèmes cognitifs : un Système 1 rapide et intuitif, et un Système 2 plus lent et analytique. La neuro-symbolique combine ainsi vitesse, adaptabilité et rigueur. Elle offre un modèle hybride plus fiable pour les environnements sensibles.
Pourquoi le neuro-symbolique est-il un modèle de confiance ?
Explicabilité et transparence
La première dimension de la confiance est l’explicabilité. Les modèles neuronaux classiques fonctionnent comme des “boîtes noires”. Ils produisent un résultat sans permettre d’en retracer précisément le raisonnement.
Cela pose problème dans les secteurs critiques où les décisions doivent être justifiées. Les systèmes neuro-symboliques corrigent cette limite. Ils permettent de reconstituer les étapes logiques qui mènent à une décision.
Dans le domaine médical, par exemple, un diagnostic ne repose pas seulement sur un réseau neuronal qui détecte des motifs dans des imageries. Il est aussi validé par un système symbolique basé sur des règles médicales établies. Ce dernier explique pourquoi tel symptôme combiné à tel facteur conduit à une hypothèse.
Cette explicabilité s’aligne sur les recommandations européennes pour une IA de confiance, qui exigent transparence et auditabilité.
Robustesse et fiabilité
Un deuxième enjeu majeur est la robustesse. Les modèles génératifs, bien que performants, sont sujets aux hallucinations. Ils produisent parfois des réponses fausses mais plausibles.
Dans des contextes comme l’assurance, la banque ou la justice, une erreur n’est pas seulement technique. Elle peut avoir des conséquences juridiques, financières ou sociales graves.
La neuro-symbolique apporte une validation supplémentaire. Les règles symboliques filtrent ou corrigent les incohérences des réseaux neuronaux. Cette architecture hybride offre plus de résilience et réduit fortement les risques d’hallucinations.
Des entreprises comme Golem.ai illustrent cette robustesse. Chaque catégorisation ou extraction est justifiable par des règles explicites. Ce niveau de contrôle est décisif dans les environnements critiques comme l’assurance ou le secteur public.
Gestion des données sensibles et conformité réglementaire
La confiance repose aussi sur la gestion des données sensibles. Les modèles neuronaux traditionnels nécessitent souvent des entraînements massifs. Cela soulève des enjeux de confidentialité et de réutilisation non autorisée.
La neuro-symbolique se distingue ici. Elle s’appuie sur des règles maîtrisées et des ontologies contrôlées. L’exposition des données à des processus opaques est limitée, et la traçabilité des traitements est renforcée.
Cette approche convient particulièrement aux secteurs régulés comme la santé, la finance ou les administrations publiques. Dans ces domaines, la souveraineté des données est essentielle.
Elle répond aussi aux exigences du RGPD et du futur AI Act, qui imposent auditabilité, sécurité et minimisation des risques.
Sobriété numérique et responsabilité environnementale
La confiance en IA inclut désormais l’impact environnemental. Les modèles génératifs de grande taille consomment énormément d’énergie. L’entraînement de GPT-3 aurait par exemple mobilisé environ 1,3 GWh, soit l’équivalent de la consommation annuelle de centaines de foyers.
À l’inverse, l’approche symbolique ne dépend pas d’entraînements massifs. Elle est bien plus sobre en énergie.
Cette sobriété devient un avantage stratégique pour les entreprises et institutions. Elle leur permet d’innover tout en respectant les objectifs européens de transition écologique.
Cas d’usage et perspectives
La neuro-symbolique n’est pas une idée théorique. Elle est déjà utilisée dans plusieurs secteurs.
- Santé : diagnostic explicable et traçable, combinant imagerie neuronale et règles médicales.
- Finance et assurance : classification des demandes clients, vérification documentaire et conformité réglementaire.
- Secteur public : automatisation des courriers et demandes administratives, en respectant RGPD et AI Act.
- Industrie et logistique : vision neuronale associée à une planification symbolique fiable.
C’est précisément cette logique de la bonne technologie pour le bon usage qui structure l’approche de Golem.ai. Très naturellement, nous avons choisi l’IA neuro-symbolique, qui combine le meilleur des deux mondes. Concrètement, nous nous appuyons sur notre technologie symbolique, déterministe, légère, performante et respectueuse des données, pour les cas d’usage sensibles où l’explicabilité et la maîtrise humaine sont indispensables. Par exemple, la déclaration d’un sinistre et la décision de prise en charge en assurance. À l’inverse, nous mobilisons l’IA générative sur des problématiques moins critiques, comme l’adaptation du ton d’un brouillon de réponse en fonction de la tonalité du client dans un contexte de SAV. Cette hybridation garantit que nos solutions répondent en toute conformité aux exigences des secteurs les plus réglementés, comme l’assurance, les administrations publiques ou l’industrie, tout en restant capables de tirer parti de la puissance créative des modèles génératifs lorsque cela fait sens.
Face aux limites des approches purement neuronales et génératives, la neuro-symbolique s’impose comme une voie de confiance pour l’intelligence artificielle. Elle conjugue explicabilité, robustesse, conformité et sobriété, répondant ainsi aux critères essentiels attendus par les entreprises, les citoyens et les régulateurs. Les cas concrets déployés montrent qu’elle n’est pas une promesse lointaine mais une réalité déjà opérationnelle.
Dans un contexte où la confiance conditionne l’adoption de l’IA, la neuro-symbolique se présente comme une alternative durable et pragmatique, capable de concilier performance et responsabilité. Elle pourrait bien être le socle sur lequel bâtir la prochaine génération d’intelligences artificielles véritablement dignes de confiance.