Intelligence Artificielle et Idéologies des TICO

Parce qu’elles ont un contenu, les IA servent un projet pouvant comporter une dimension politique.

Inventée par Michel Sasson, la matrice TICO cartographie les propositions politiques alternatives au libéralisme politique et économique sorti, au début des années 1990, vainqueur de la Guerre Froide. Celles-ci sont au nombre de quatre.

    • Le Technologisme propose de dépasser le modèle libéral à l’aide de la science et de la technologie, perçus comme des instruments capables de répondre aux grands défis de l’humanité et de nous affranchir de nos conditions d’hommes. Les figures de proue de ce courant sont Ray Kurzweil, Peter Thiel, les différents mouvements transhumanistes et libertariens.

  • Les Identitaires, incarnés par le wahhabisme, l’AFD, le groupe nationaliste hindou RSS, le Mouvement 969 etc. Ces derniers adoptent une lecture du monde où l’identité joue un rôle structurant dans toute approche politique. Leur grammaire politique emprunte les topiques de la grandeur déchue, de l’agression externe, de la résistance héroïque et de la libération prochaine.

  • Le Convivialisme regroupe les progressismes éclatés du post marxisme, qui ont essayé de se renouveler à plusieurs reprises autour de la critique économique du libéralisme avant de trouver une légitimité commune fondée sur la lutte contre réchauffement climatique : le capitalisme mène l’humanité à sa perte en détruisant la planète. Quelques avatars du convivialisme : Paul Watson (Sea Shepherd), le véganisme, l’éthique du Care, Occupy Wall Street, Evo Morales… Contrairement aux identitaires, la convergence de ces mouvements ne peut se faire autour d’une grammaire politique partagée ; ils disposent néanmoins d’un ethos et d’une sensibilité commune.

  • L’Ordre, incarné par des figures telles que Xi Jinping, Bachar el-Assad, Vladimir Poutine, Kim Jong-un ou le maréchal al-Sissi, tente quant à lui de protéger l’État contre la société pour empêcher celle-ci de basculer dans l’anomie.

Ces différents mouvements adoptent des attitudes contrastées face à l’IA. Si les Technologistes se montrent très actifs en la matière, entendant ainsi limiter le rôle des erreurs humaines dans la marche de l’Histoire, l’Ordre emploie également la puissance de l’intelligence artificielle pour asseoir son contrôle social. Ainsi la Chine de Xi Jinping a-t-elle mis en place un système de notation sociale s’appuyant en grande partie sur l’IA. Identitaires et Convivialistes se montrent plus en retrait quant à leur appréhension de cette technologie.

Au-delà des attitudes respectives des TICO face à l’IA, Michel Sasson montre comment les différentes propositions politiques tendent à s’hybrider tantôt entre elles, tantôt avec le modèle libéral.

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