L’IA conforme et performante dans l’assurance : Retour sur la table ronde INNN 2024

Le Salon INNN est un événement regroupant plusieurs leaders du secteur de l’innovation numérique, de l’insurtech et du risque. L’édition 2024 était l’occasion de retrouver Christophe Hautbourg, DG de Planete CSCA, Paul-Henri Chabrol, CTO de chez AssurOne, et notre CEO Killian Vermersch pour échanger autour du thème suivant : « S’appuyer sur des IA performantes et respectueuses des normes éthiques et du RGPD pour accélérer le traitement des assurés ». Cette table ronde, animée par Elodie Duru, Directrice chez Linkio, fut l’occasion de s’interroger sur la manière d’intégrer l’IA de façon éthique et conforme pour améliorer la gestion des flux entrants et le traitement des assurés.

La diversité des besoins technologiques des courtiers

Christophe Hautbourg commence par dire que si les courtiers n’ont pas tous les mêmes besoins tant il y a une pluralité d’acteurs différents, nous pouvons retrouver toutefois certaines grandes thématiques où l’IA a un rôle à jouer : 

  • La conformité 
  • Relation Client 
  • Gestion des flux entrants
  • Gestion de la donnée et de la qualité de la donnée.

Paul-Henri Chabrol poursuit en expliquant que l’approche d’AssurOne concernant leurs besoins technologiques est une approche collaborative, pour répondre à des attentes d’efficacité opérationnelle ou de qualité d’expérience des assurés. AssurOne, reçoit environ 40 000 emails par mois, et dès lors faisait face à un défi de taille pour gérer de manière optimale ce flux entrant. Pour ce faire, AssurOne s’est allié de la technologie de Golem.ai pour classer automatiquement les mails et les pièces justificatives reçus, les analyser et ainsi libérer du temps aux collaborateurs pour traiter des tâches plus complexes. 

Plus encore, Killian Vermersch souligne que l’objectif est de faire en sorte que l’IA gère les tâches répétitives et à faible valeur ajoutée (catégorisation, extraction d’informations, et mise à jour de systèmes) dans les flux entrants des entreprises (mails, tickets, documents) afin de libérer du temps pour les collaborateurs et les recentrer sur des tâches à forte valeur ajoutée.

Extrait de la Table Ronde INNN 2024 : « S’appuyer sur des IA performantes et respectueuses des normes éthiques et du RGPD pour accélérer le traitement des assurés »

Le besoin d’intégrer des solutions pour rester compétitif

Pour Christophe Hautbourg, l’intelligence artificielle transforme le métier de courtier vers des “courtiers augmentés” en permettant de déléguer des tâches administratives et réglementaires fastidieuses, afin de recentrer les efforts sur un conseil à haute valeur ajoutée. Chez AssurOne, cette vision s’accompagne d’une conviction : l’IA représente une opportunité plutôt qu’une contrainte, et la formation joue un rôle clé dans cette transition. La simplicité de l’acculturation se révèle particulièrement lorsque l’on montre comment l’IA peut résoudre des irritants spécifiques, rendant la technologie aussi discrète qu’efficace.

Au dilemme entre externalisation et internalisation, Paul-Henri Chabrol répond que l’adoption d’une nouvelle solution passe souvent par un modèle « Make and Buy » qui allie développement interne et externalisation afin d’assurer une solution performante. Comme l’explique Killian Vermersch, deux piliers orientent l’IA : la performance et la responsabilité. Golem.ai, qui travaille sur des parcours de souscription et de gestion de sinistre pour ses clients dans l’assurance, met l’accent sur l’explicabilité et la réversibilité des décisions prises par l’IA, des qualités essentielles dans le cadre de données sensibles.

Killian Vermersch souligne également l’importance d’une approche hybride, en particulier avec les systèmes neuro-symboliques : pour des données simples, une IA générative est efficace, tandis que pour les données critiques, une IA symbolique s’avère plus fiable. Cette hybridation permet de répondre aux enjeux actuels, combinant intelligemment performance et transparence.

Allier performance et conformité dans un cadre réglementaire exigeant

Si le métier de courtier est fortement encadré par des régulations, et les nouvelles législations comme DORA et FIDA introduisent des évolutions majeures dans les processus opérationnels selon Christophe Hautbourg. La réglementation FIDA, qui vise à faciliter le transfert de données entre assureurs et assurés, ouvre la voie à une meilleure fluidité des échanges d’informations. Cependant, si ce cadre est mal maîtrisé, il peut présenter des risques éthiques et de responsabilité. Les courtiers font face à une complexité accrue en raison de l’ampleur des réglementations qu’ils doivent respecter.

Pour Paul-Henri Chabrol, la pression réglementaire représente également une opportunité : en intégrant des critères de résilience dans le choix de leurs partenaires, les courtiers peuvent s’assurer que leurs fournisseurs sont capables de proposer des solutions durables et efficaces. Le chemin réglementaire est exigeant, mais il offre la possibilité de renforcer la qualité des opérations.

En conclusion, le défi pour les acteurs de l’assurance est de concilier performance et technologie tout en respectant l’éthique et en plaçant l’humain au centre de cette transformation. Le métier de courtier repose avant tout sur le capital humain, et l’objectif est de favoriser le « courtier augmenté » qui, grâce à l’IA, se concentre sur des tâches à forte valeur ajoutée selon Christophe Hautbourg. Cette agilité est cruciale, tant l’adoption de l’IA ne fait que commencer insiste Paul-Henri Chabrol, et les entreprises doivent être prêtes à intégrer ces nouvelles technologies pour renforcer leur expertise et leurs services. Finalement, le véritable risque de remplacement ne vient pas de l’IA elle-même, mais de la différence de compétitivité entre ceux qui l’adoptent et ceux qui ne le font pas, clôture Killian Vermersch.