Interfaces : qui sont les Chief Data Officer ?

Pour inaugurer cette nouvelle rubrique du blog Golem.ai, Jean-Denis Garo, Head of marketing, échange avec Gilbert Ton – Fondateur-Associé de NewCo Data Services et co-auteur de l’ouvrage  » Chief Data Officer » édité par Eyrolles en septembre 2020.

Gilbert Ton évolue dans le domaine de la data depuis plus de vingt ans. il a d’abord travaillé au sein de grands groupes bancaires et d’assurances, avant de créer sa propre structure pour accompagner les entreprises, notamment les Chief Data Officers, dans leurs programmes de valorisation de données.

Jean-Denis Garo : Pourquoi avoir écrit un ouvrage sur les CDO ?

Gilbert Ton : Bien que récente, la fonction du CDO a déjà traversé plusieurs âges. Avec Alain Yen-Pon (co-auteur du livre), nous avons voulu faire un premier bilan après quelques années d’existence de la fonction, et d’en proposer quelques perspectives. Nous avons également voulu mettre en exergue à travers cette fonction l’importance croissante des données au sein des entreprises.

Puis, ayant constaté qu’il manquait d’ouvrages en la matière, notamment en français, nous avons donc profité de l’écriture de notre propre ouvrage pour proposer un cadre de référence de ce métier, basé sur notre expérience personnelle et également inspiré des expériences des 26 CDO et professionnels de la Data que nous avons interviewés. Je profite de cet interview pour les remercier chaleureusement. Nous espérons que ce cadre de référence pourra faire gagner du temps aux CDO nouvellement nommés.

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La fin du CDO a été prophétisée à maintes reprises, pourtant la fonction semble avoir encore de beaux jours devant elle, qu’en pensez-vous ?

Effectivement, il existe quelques rares articles, mentionnant la fin du CDO, mais selon moi, cette fonction va connaître encore quelques évolutions dans les années à venir, et donc de nouvelles et belles perspectives.

D’abord, si ce n’est pas encore fait, il doit trouver son positionnement vis-à-vis du Chief Digital Officer, et renforcer son partenariat avec la DSI, pour s’installer dans la durée. Puis, nous voyons arriver prochainement les sujets sur l’éthique, sur l’IA responsable et durable, sur l’échange et la monétisation des données, sur la propriété intellectuelle des modèles, etc. Déjà stratégique, il y aura encore énormément de sujets où le CDO sera un des acteurs incontournables.

L’IA d’une manière générale permet de valoriser la donnée. Quel rôle joue le CDO dans l’acculturation des métiers sur la valorisation de la donnée par l’IA ?

Le métier du Chief Data Officer est un métier à multiples facettes. Concernant l’acculturation des métiers sur la valorisation de la donnée par l’IA, il joue un rôle d’évangéliste. À travers les cas d’usage réalisés, il démontre que la donnée est un actif à valoriser. Il prend part également dans la formation et la sensibilisation des collaborateurs à tous les niveaux dans l’entreprise sur l’apport potentiel de la donnée, pour que chacun soit conscient de la valeur de la donnée qu’il produit ou qu’il utilise. Son objectif, dans cette partie, est de démocratiser la donnée pour qu’elle soit considérée comme un bien commun de l’entreprise, à protéger et à valoriser.

Expert du domaine bancaire, comment imaginez-vous la contribution de l’IA, par exemple pour le contrôle de la conformité ?

Les banques utilisent depuis longtemps l’IA pour améliorer leurs performances, notamment pour améliorer la connaissance client, limiter les risques, ou encore optimiser le trading. Pour le contrôle de la conformité, l’utilisation de l’IA prend également beaucoup de sens, plus particulièrement dans la détection des crimes financiers, dans le cadre de la lutte anti-blanchiment et le financement du terrorisme. Il s’agit ici de détecter les signaux faibles, les événements rares parmi des millions de transactions.

Comment décririez-vous les relations CIO-CDO

Ce sont des partenaires incontournables. Ils doivent travailler ensemble « main dans la main » pour faire avancer les projets Data. Même si la DSI semble parfois embourbée dans le « Legacy » et les pratiques de l’ancien monde, elle doit néanmoins s’appuyer sur les projets du CDO pour se ré-inventer et répondre aux nouveaux besoins. Le CDO, bien que possédant une vision transversale de l’entreprise et pilote des projets Data, il a besoin de la DSI pour amener ses projets en production. Ainsi, CIO et CDO doivent partager une vision commune pour travailler de concert. Ils ont donc besoin l’un de l’autre. Cependant, les zones de chevauchement des deux fonctions existent, il est intéressant de voir comment cela évoluera dans les prochaines années.

Quels sont les défis auxquels les CDO seront confrontés en 2021 ?

Ils sont nombreux, et varient en fonction de la maturité Data de l’entreprise où se trouve le CDO. Mais s’il faut en retenir qu’un en 2021, je dirais « Mener les projets Data en production ». À mon avis, ce défi n’est pas uniquement d’ordre technologique, mais également un défi de méthodes, d’organisation, d’état d’esprit, de culture… En effet, pour mener à bien et de façon durable les projets Data en production, il faut souvent bousculer l’existant.

Si vous souhaitez débattre avec Gilbert Ton nous vous convions au webinar : CDO, Pratiques, outils et perspectives. Comment l’IA valorise la donnée ? qui se déroule le vendredi 11 juin de 12h à 13h.

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